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14-18 Les soldats flamands chair à canon parce qu'ils ne comprenaient pas les ordres des officiers francophones.
Les Faits
Le récit de ces pauvres soldats flamands massivement, atrocement -mais surtout stupidement- tombés au cours de la première guerre mondiale parce que leurs officiers francophones et arrogants ne prenaient même pas la peine d'apprendre le néerlandais est très tenace.
Dans la famille flamande moyenne, ce récit fait aujourd'hui encore partie intégrale de l'imagerie consacrée.
Vrai ou Faux ?
Sophie De Schaepdrijver, historienne à l'Université de Pennsylvanie et auteur du livre « la grande guerre : le royaume Belgique dans la première guerre mondiale », appelle ce type de récit « un mythe purement externe » : « Externe dans le sens où ni dans les journaux des soldats flamands, ni dans les souvenirs qu'ils ont rapportés après la Grande guerre ce récit n'apparait. C'est une construction idéologique qui après la guerre, surtout à partir des années vingt, a été largement diffusée. L'origine précise est difficile à retrouver, mais elle apparait clairement a travers les appels à la revanche (Vlaams-nationalistische, BB/JV) Frontbeweging initiés progressivement après la guerre par les collaborateurs flamands. Le mythe avait été diffusé tellement largement que De Schaepdrijver y a encore cru elle-même, mais sa recherche détaillée n'en a trouvé aucune trace.
Selon ce même mythe, l'armée belge était composée pour 80 pour-cent de Flamands, ce qui a conduit certains à la conclusion revancharde de ce que les francophones ont dû fournir beaucoup moins de chair à canon. De Schaepdrijver nie formellement ce chiffre : « Il est difficile d'estimer le pourcentage précis – c'est en tout cas moins et je l'établirais prudemment à 65 pourcent de Flamands - mais pas 80 pourcent.
Ce récit des 80 pourcent de flamand a été repris par le gouvernement belge. Le Premier ministre pendant la guerre, de Broqueville, a été fier de ce chiffre : c'était un compliment aux Flamands et à la Belgique, car il montrait aussi combien l'Etat belge pouvait compter de loyauté même parmi les Flamands.
Qu'il n'y ait rien de réel dans ce mythe ressort encore plus du fait que tant avant que pendant la guerre beaucoup d'attention a été portée aux questions linguistiques dans l'armée, mais que l'on ne retrouve aucune trace de ce mythe dans les documents militaires : « Biensur la langue française était prédominante, mais les récits relatifs à de la malveillance systématique à l'égard du néerlandais doivent être sérieusement nuancés. On a plutôt fait des efforts systématiques pour remédier à ce genre de chose. Les discussions intenses au sujet des médecins militaires ignorant le Néerlandais ou du nombre excessif de bibliothèques militaires francophones ont bien été documentés.
Quant aux Flamands, abattus parce qu'ils n'avaient pas compris le français parlé par leurs officiers, il n'en est absolument pas fait mention.
En outre la question de savoir si plus d'officiers Néerlandophones aurait changé le cours des choses reste ouverte: « Le taux de mortalité dans l'armée belge a été plus bas que celui des armées unilingues. »
Pour conclure, citons cet autre mythe, celui des frères Van Raemdonck, morts en 1917. L'Histoire les a décrits entrant dans la mort enlacés, symbolisant la fraternité et la solidarité flamandes. Ils ont été inhumés dans les années 30 sous la tour de l'Yser, devenue depuis l'emblème du mouvement flamand.
Ils y reposent toujours, même si par la suite, l'un des deux s'est révélé être un caporal wallon..., ce dont on se garde bien d'informer les pélerins qui ont pris pour habitude de s'y réunir chaque année...
Précisions : le taux de mortalité a été de 1/50 dans l'armée belge et de 1/6 dans l'armée française...
Remarque : le mythe du patient flamand victime d'erreur médicale parce qu'incompris par des médecins francophones sévit toujours aujourd'hui à propos des soins prodigués dans les hôpitaux bruxellois.
Aucune étude du SPF Santé Publique n'a à ce jour montré un plus grand nombre d'erreurs médicales dans les hôpitaux bruxellois par rapport aux hôpitaux des deux autres régions...
Une des caractéristiques du mythe par rapport à une "simple" rumeur, c'est qu'il persiste dans le temps. Une autre caractéristique, c'est qu'il est réinterprèté dans les contextes sociétaux historiques : de la guerre 14-18 nous sommes à présent passés aux hopitaux bruxellois...
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Dimanche 11 novembre 2012
Par Pierre Havaux
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Ils sont entrés en guerre sous le casque à pointe de l'envahisseur prussien. Ils en sont sortis vaincus, puis décrétés belges malgré eux. Les germanophones abordent le centenaire de la Grande Guerre avec un héritage lourd à porter.
Ils passent pour être «les derniers Belges», et ils en sont plutôt fiers. Un siècle plus tôt, ils étaient allemands. Et tout aussi fiers de l'être. En bons et loyaux sujets du Kaiser, casque à pointe sur la tête, ils ont fondu sans états d'âme particuliers sur la pauvre petite Belgique honteusement agressée.
2014-2018 : gros centenaire en vue. La Grande Guerre sera sous les feux de la rampe, durant quatre ans, aux quatre coins du pays. Les Flamands sont à l'offensive depuis longtemps (Le Vif/L'Express du 01/04/2011), Wallons et Bruxellois se mettent en ordre de bataille. A l'Est, rien de nouveau : les germanophones se hâtent lentement, l'arme souvent au pied. «Toujours rien de tangible ne se manifeste de leur côté», observe-t-on au sein du comité organisateur qui supervise les grandes manoeuvres en cours autour des commémorations.
Eviter tout risque de fraternisation
«L'Histoire reste l'Histoire. Jusqu'en 1920, les cantons de l'Est ont fait partie de la Prusse. En communauté germanophone, c'est à des soldats morts sous l'uniforme allemand que nous rendons hommage. C'est la Brabançonne que nous jouons devant nos monuments aux morts, alors que ce n'était pas l'hymne national sous lequel ces soldats sont partis à la guerre. Ces perturbations historiques ne sont pas simples à vivre», soupire Karl-Heinz Lambertz (PS). Le ministre-président de la Communauté germanophone assume l'héritage, au nom des quelque 70 000 Belges qui le sont depuis près de cent ans. «Les soldats de ces régions sont morts aussi pour des guerres inutiles.» Ils n'en sont pas moins partis au combat, d'humeur belliqueuse et en vrais patriotes. «Quand la guerre éclate en août 1914, rien ne distingue les habitants de ces régions frontalières des Allemands. Les journaux d'Eupen et de Malmedy reprennent les articles de la presse de Cologne qui se déchaîne sur les Belges, qualifiés de Serbes de l'Europe occidentale», explique le jeune historien Christof Brüll, sorti de l'université allemande d'Iéna, maître de conférences à l'université de Liège et natif... d'Eupen.
L'envahisseur ne fait pas de quartiers en Belgique. Visé, Tamines, Dinant, Aarschot, Louvain : il sème la mort et la désolation, massacre des civils innocents. Une chance dans tout ce malheur : jusqu'à preuve du contraire, aucun soldat prussien originaire des actuels cantons de l'Est n'a participé aux carnages. «Ces quelque 3 000 hommes, enrôlés dans l'armée impériale, ont généralement combattu sur des théâtres d'opérations extérieurs », souligne Christoph Brüll. On les retrouve sur les fronts français, italien, russe. Par volonté du commandement militaire allemand : il veut éviter tout risque de fraternisation entre les populations frontalières envahies et des soldats d'origine rhénane.
Les Eupenois avaient néanmoins leur unité de référence : le 25e régiment d'infanterie Lützow, du nom d'un général prussien des guerres napoléoniennes. Basé à Aix-la-Chapelle, il est engagé dans l'invasion de la Belgique, mais reste à l'écart des exactions. Saxons et Wurtembergeois se sont chargés de l'épouvantable besogne.
Soulagement. Le centenaire de 1914-1918 échappera à la remontée en surface de haines irréductibles entre descendants de Belges et d'Allemands. Rien ne justifie de maintenir sur la touche l'ancien ennemi devenu compatriote.
Naturellement, les germanophones n'ont pas l'intention de monter en première ligne, entre 2014 et 2018. Ce n'est pas leur heure. « Il est évident que l'essentiel des commémorations liées à la Première Guerre mondiale se passera ailleurs que chez nous», souligne Karl-Heinz Lambertz. Mais le chef du gouvernement germanophone fait assaut de bonne volonté. La contribution de sa communauté au centenaire est toute trouvée : «Nous allons jouer un rôle de pont entre les initiatives du côté belge et celles qui se prendront du côté allemand.»
2014-2018 : profil bas à l'est de la Belgique. Même le centenaire de l'Armistice, en 2018, ne devrait pas inciter à pavoiser. Si ce n'est pour se féliciter, comme tout le monde, de la fin de la boucherie. Mais en gardant en mémoire que, dans les Kreis prussiens d'Eupen-Malmedy, l'arrêt du conflit a eu l'odeur de la défaite. «La capitulation de l'Allemagne a été accueillie avec un sentiment de stupeur incrédule et de résignation», relève Christophe Brüll.
20 septembre 2020 : fête de la Communauté germanophone ?
Passé le centenaire, l'histoire ne fera que commencer pour les germanophones. Une autre date-charnière est déjà bloquée dans leur agenda : 20 septembre 2020. Cent ans, jour pour jour, après l'officialisation de l'incorporation à la Belgique des territoires d'Eupen-Malmedy, décidée un an plus tôt par le traité de Versailles. «C'est l'étape décisive, historiquement fondamentale pour nous», souligne Karl-Heinz Lambertz. Au point que certains caressent l'idée d'en faire la nouvelle date de la fête de la Communauté germanophone. En lieu et place du 15 novembre, qui est aussi jour de la fête du roi, et qui a été retenu en 1990 pour marquer l'attachement au pays et à sa famille royale. Le ministre-président ne rejette pas le débat : «Je n'ai aucune exclusive en la matière.»
Sauf que pour y arriver, il faudra tordre le cou à la vérité historique. Car le 20 septembre 1920 n'a pas été jour de délivrance et de liesse parmi les Allemands versés à la Belgique. C'est le couteau sur la gorge qu'ils ont dû trancher. A l'occasion d'une consultation populaire bidon, où tout avait été prévu pour leur arracher un oui franc et massif.
La Belgique outragée exigeait réparation. Elle réclamait ces territoires qu'elle convoitait depuis longtemps. Mais elle voulait les obtenir en sauvant, mal, les apparences. Ce jour-là, le droit des peuples, des Allemands en l'occurrence, à disposer d'eux-mêmes, en a pris un coup. Une vraie «petite farce» belge, dixit Christoph Brüll. «Cette consultation populaire n'a été ni secrète ni vraiment libre. Les populations, alors surtout rurales, devaient se déplacer jusqu'à Eupen et Malmedy pour protester contre l'annexion. Ceux qui faisaient la démarche devaient s'inscrire nommément sur des listes, en présence d'un fonctionnaire belge», rappelle l'historien. Expulsion du logement, perte de la carte de ravitaillement : la peur de représailles achève d'emporter la décision.
Seuls 271 électeurs sur 33 726 osent encore jouer la carte allemande. Dont 202 fonctionnaires d'Allemagne, qui ne comptaient de toute façon plus moisir dans la région en cas d'annexion. Il fallait bien leur forcer la main : «La crainte d'enregistrer un refus important de devenir belge était réelle, et elle s'est avérée fondée : la population est restée plutôt pro-allemande jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.»
Ainsi s'opère en douleur le passage à l'heure belge. Il est «vécu comme une injustice par la plus grande partie de la population locale». Qui n'a d'ailleurs pas fini de souffrir pour devenir belge. Cinq ans de régime autoritaire et transitoire l'attendent, avant le grand saut vers la nouvelle patrie. Le Premier ministre belge de l'époque, Léon Delacroix, a fait passer la consigne au général Baltia, investi sur place des pleins pouvoirs : «Vous serez comme le gouverneur d'une colonie directement en contact avec la métropole.» C'est le traitement que l'on réserve à des « Belges de seconde zone». 2014-2020 : un centenaire au goût amer à l'Est.
Dans son intervention, Catherine Houdart a d'abord insisté, une fois de plus, sur toute l'importance de poursuivre le devoir de mémoire au service de la défense de nos valeurs démocratiques.
Ensuite, la Députée socialiste a rappelé l'intérêt des membres du Comité Mémoire et Démocratie, qui a maintes reprises déjà avaient abordé la mise en oeuvre du plan opérationnel reprenant le programme complet des commémorations.
Enfin, sa question s'est portée principalement sur l'état d'avancement de ce plan : " Pouvez-vous nous dresser une vision globale de ce plan d'action, de ses thèmes principaux, et des différents lieux qui seront exploités en Wallonie ? Aussi, il est prévu qu'un comité d'accompagnement soit mis en place pour coordonner les actions. Savez-vous déjà qui en fera partie et quand sera-t-il installé exactement ? Enfin, comment se répartit le budget alloué aux commémorations et savez-vous déjà quels partenaires étrangers participeront aux différentes manifestations?"
Le Ministre-Président a répondu que le plan opérationnel serait présenté plus officiellement dans les prochaines semaines à l’ensemble des autorités de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi qu’au monde de l’enseignement et aux médias.
Il a néanmoins livré dès à présent les grands axes de cette politique commémorative qui sera développée par la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles et qui se caractérisera par une triple approche :
http://www.commemorer14-18.be/
Appels à projets
Appels à projets pour la réalisation d’une exposition de grande envergure dans le cadre du plan d’action des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale
Appels à projets pour la mise en valeur de sites traces, biens exceptionnels ou l’organisation d’événements de grande envergure présentant un intérêt majeur et symbolique pour la Wallonie
Cliquez ici pour le formulaire de candidature
Les dates anniversaires sont propices pour se remémorer des événements historiques.
Alors que le centenaire du premier conflit mondial approche, la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles s’investissent pleinement dans cette dynamique mémorielle riche de sens.
Les historiens de la Grande Guerre ne cessent de souligner le caractère inaugural de ce conflit, véritable matrice du 20e siècle et de ses violences extrêmes. Les pratiques de violence sur les champs de bataille ont dépassé toutes les limites, dès 1914 et jusqu’à 1918. Le prix attaché à la vie humaine s’est effondré au sein de toutes les sociétés engagées dans le conflit, entraînant un processus de “brutalisation” auquel même les civils n’échapperont pas et dont les conséquences ont largement dépassé la fin du conflit. Le bilan est effarant : la Grande Guerre a fait près de 10 millions de morts.
Le plan d’action mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie veut rendre compte dans sa globalité de l’expérience du conflit vécue par les populations entraînées dans cette guerre totale d’une brutalité inédite impliquant autant les civils que les combattants.
Nous vous invitons à découvrir les lignes de force du plan d'action et à consulter la brochure de présentation des initiatives et activités.
Accéder à la présentation du plan d'action.
Télécharger la brochure de présentation.
Cinq thématiques seront privilégiées pour cerner cette expérience de guerre :
Ce site vous tiendra informé des nombreuses activités et initiatives mises en oeuvre au cours de ces années de commémoration.
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Source : http://www.herodote.net/6_avril_1814-evenement-18140406.php
L'épopée guerrière de Napoléon 1er, soit la durée d'une dizaine d'années de guerres presque ininterrompues, se termine en 1814 par la campagne de France et les émouvants adieux de Fontainebleau.
Après la «bataille des Nations», près de Leipzig, au coeur de l'Allemagne, du 16 au 19 octobre 1813, Napoléon 1er et ses troupes ont dû se préparer à une invasion du territoire proprement français pour la première fois depuis une vingtaine d'années !
Les armées alliées, au nombre de trois, se partagent les objectifs. L'armée du nord, aux ordres du Prussien Bülow et du Français Bernadotte, un maréchal passé dans le camp ennemi (avec la couronne de Suède), se prépare à entrer en Belgique. L'armée de Silésie, commandée par le Prussien Blücher, franchit le Rhin du côté de Coblence. L'armée de Bohème, avec l'Autrichien Schwarzenberg, traverse le Jura.
Retrouvant la virtuosité de ses jeunes années, l'Empereur, avec des forces bien moins nombreuses, vole de l'une à l'autre.
Il arrête l'armée de Silésie à Brienne-le-château, en Champagne, le 29 janvier 1814, près de l'école militaire où il a suivi ses études ! Il lui livre encore bataille à Montmirail le 11 février et à Château-Thierry le 12. Il bat ensuite l'armée de Bohème à Montereau le 18 février !
Les Alliés en viennent à douter mais le tsar Alexandre 1er leur fait signer le pacte de Chaumont le 1er mars. Anglais, Prussiens, Russes et Autrichiens s'engagent à ne pas conclure de paix séparée et à maintenir un effectif total d'au moins 150.000 hommes jusqu'à la victoire.
C'est reparti ! Napoléon remporte de nouveaux succès sur l'armée de Silésie à Craonne le 7 mars et à Laon le 9 mars. À Méry-sur-Seine, il contraint l'armée de Bohème à la retraite. Là-dessus, remontant sur Saint-Dizier (haute-Marne), il tente de couper les lignes de ravitaillement des Alliés et de les obliger à renoncer à Paris.
Mais les Alliés, à l'initiative - une nouvelle fois - du tsar, jouent leur va-tout. Ils se dirigent vers la capitale et l'investissent le 29 mars. La ville capitule le lendemain sans se faire prier. Déjà Lyon, Bordeaux, Toulouse... se sont livrées à l'ennemi.
Le 31 mars, après la difficile campagne de France, les Alliés entrent en vainqueurs à Paris. Les habitants, stupéfaits, découvrent les Cosaques campant sur le Champ-de-Mars ! Mais la haine n'est pas au rendez-vous et l'on reste entre gens du monde.
Le 3 avril, le Sénat, habilement manoeuvré par Talleyrand, prononce la déchéance de l'empereur, «coupable d'avoir violé son serment (?) et attenté aux droits des peuples en levant des hommes et des impôts contrairement aux institutions».
De son côté, l'empereur, déconfit, revient en hâte vers la capitale et s'arrête à Fontainebleau avec les 60.000 hommes qui lui restent. Las, ses plus fidèles compagnons, les maréchaux Ney, Berthier et Lefebvre, le pressent d'abdiquer en faveur de son fils, le roi de Rome. Il s'exécute le 4 avril. Le tsar, consulté, ne s'opposerait pas à une régence.
Tout d'un coup, patatras. Voilà que l'on apprend la défection des troupes du maréchal Marmont, duc de Raguse, avec 10.000 hommes sous ses ordres. L'homme se montre prêt à capituler sans en référer à l'empereur. Le tsar, voyant qu'il n'y a plus guère à craindre de Napoléon, exige dès lors une abdication sans conditions et se laisse convaincre par Talleyrand de restaurer la dynastie des Bourbons, en la personne de Louis XVIII, frère cadet de feu Louis XVI.
Acculé par ses propres maréchaux, l'empereur se résigne et signe l'acte d'abdication le 6 avril. Il se voit promettre en contrepartie la souveraineté sur l'île d'Elbe, une principauté italienne à la latitude de la Corse, ainsi qu'une pension de deux millions de francs par an versée par la France. Il conserve le titre d'empereur !
À Paris, le Sénat ne perd pas de temps. Il appelle au trône le frère du roi guillotiné, le comte de Provence devenu Louis XVIII (59 ans).
C'est le «retour des lys» ! Louis XVIII, qui se fait appeler le Désiré (!), quitte sans attendre sa retraite anglaise de Hartwell et débarque à Calais. En route vers Paris, il publie le 2 mai à Saint-Ouen une déclaration dans laquelle il promet un gouvernement représentatif et le respect des acquis de la Révolution. Soulagement chez les Français de tous bords, désireux de retrouver enfin la paix.
À Fontainebleau, l'ex-empereur, confiné dans le château, attend en vain l'arrivée de sa femme Marie-Louise et de leur fils, mais ceux-ci ont déjà pris le chemin de l'Autriche. Ses proches et ses compagnons de combat le quittent en songeant à leur reconversion. Le fidèle Berthier s'occupe de transférer l'armée sous les ordres du gouvernement provisoire.
Résigné, Napoléon fait le 20 avril ses adieux à la Garde impériale dans la cour du Cheval Blanc du château, devant l'escalier monumental. Il baise avec émotion le drapeau que lui présentent les vieux grenadiers, la larme à l'oeil. Une image de plus pour la légende. C'est ensuite le voyage - discret - vers l'île d'Elbe.
http://www.herodote.net/1944_2014_la_commemoration_de_trop-article-1400.php
Dans les différents pays européens, les gouvernements commencent à songer au centenaire de la Grande Guerre, qui vit en 1914 le suicide de l'Europe...
Il ne s'agit pas de célébrer la «boucherie» mais d'honorer la mémoire des combattants et, plus encore, de nous interroger sur les erreurs politiques qui ont conduit à la guerre afin d'éviter de les renouveler en Europe ou ailleurs.
Mais de nombreux historiens s'inquiètent du projet français d'associer ces commémorations à celles de 1944 et de la Seconde Guerre mondiale.
Herodote.net propose une solution qui distingue les deux mémoires et respecte la chronologie...
Le gouvernement français envisage de mêler en 2014 les commémorations du Centenaire de 1914 (le début de la Première Guerre mondiale) et le 70e anniversaire du débarquement de Normandie et de la Libération de Paris.
Un décret est en préparation en vue d’installer une «mission des anniversaires des deux guerres mondiales». Présidée par le ministre délégué aux anciens combattants, celle-ci aura pour objet de «concevoir, animer et coordonner les initiatives à caractère international ou national propres à rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont lutté pour la défense de la France pendant la première guerre mondiale et pour sa défense, sa libération et la victoire sur le nazisme pendant la seconde guerre mondial».
Des voix s’élèvent déjà parmi les historiens et les passionnés d’Histoire, y compris dans les rangs de la majorité socialiste, pour critiquer cette confusion entre des événements majeurs sur le plan mondial (ceux de 1914 : suicide de l'Europe) et des péripéties de la Seconde Guerre mondiale dont le principal intérêt est de se dérouler sur le sol français.
Les événements de 1944 ne sont pas évidemment pas sans importance mais ils ne se démarquent pas d'autres événements de la Seconde Guerre mondiale : le débarquement de Normandie est à mettre sur le même plan que Stalingrad (1943), voire El-Alamein, qui vit reculer pour la première fois les armées allemandes (1942).
Quant aux libérations de Paris et de Strasbourg (1944), ce sont de simples étapes dans la contre-offensive alliée et n'ont de signification que dans l'établissement de la légitimité du général de Gaulle et de la France Libre. Elles ne mettent même pas fin à l'occupation de la France, qui ne cessera qu'en 1945 avec la libération de Saint-Nazaire !
On ne peut tout commémorer de la même façon, sauf à lasser l’opinion et surtout enlever toute dimension pédagogique aux commémorations, en mélangeant les événements qui font sens et les autres.
Mettre sur le même plan le débarquement de Normandie (6 juin 1944) et l'attentat de Sarajevo (28 juin 1914), ou encore l'assassinat de Jean Jaurès (31 juillet 1914) et la Libération de Paris (25 août 1944) peut au surplus induire une totale confusion chez la plupart des jeunes Français qui ont déjà beaucoup de mal à maîtriser la chronologie.
Au lieu et place de ce ramassis, Herodote.net suggère au gouvernement français la création d'une Mission 1945 formellement distincte de la Mission interministérielle pour le Centenaire de la Grande Guerre.
La Mission de la Grande Guerre, qui a déjà quelques mois d'existence, poursuivra la préparation du Centenaire afin de montrer toute l'importance de l'année 1914 et d'en tirer peut-être des enseignements sur la folie des hommes et la manière dont on pourrait la maîtriser. Son président Joseph Zimet a établi un conseil scientifique présidé par l'historien Antoine Prost. Il a déjà prévu six points forts qui ont l'avantage de la cohérence :
- 28 juin 2014 : rassemblement des chef d'État à Sarajevo,
- 14 juillet 2014 : défilé sur les Champs-Élysées des soldats de différents pays belligérants et parade géante,
- 31 juillet 2014 : commémoration de l'assassinat de Jaurès et de l'échec des espoirs de paix,
- 2 août 2014 : commémoration de la mobilisation,
- 6 septembre 2014 : commémoration de la bataille de la Marne,
- 11 novembre 2014 : entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, auteur de Ceux de 14, un hommage aux Poilus.
Notons que la même année, au printemps, les passionnés d'histoire militaire et les amateurs de reconstitutions se retrouveront en Champagne pour évoquer la campagne de France de Napoléon 1er, deux cents ans plus tôt. Autant dire que l'année 2014 sera saturée en commémorations guerrières sans qu'il soit besoin d'en rajouter.
Pour éviter d’encombrer les rubriques histoire et mémoire, il sera donc sage de célébrer le débarquement de Normandie et la Libération de Paris comme à l'accoutumée, en réservant les grandes orgues pour l'année suivante. De multiples raisons objectives plaident en ce sens.
La France est à peu près sortie de la guerre le 23 novembre 1944 avec la libération de Strasbourg, même si Saint-Nazaire est encore occupée par des troupes allemandes. À cette date-là, pourtant, pour beaucoup de peuples, le pire était encore à venir : extermination des Juifs hongrois, destruction de l’Allemagne, bombes atomiques...
À l’heure de l’Europe, il serait donc surréaliste et mesquin que les Français commémorent entre eux, dès 2014, le 70e anniversaire de la chute du nazisme.
C’est pourquoi nous appelons à la création d’une Mission qui concentrerait ses projets sur l’année 1945, en concertation avec les autres pays concernés et en particulier l’Allemagne fédérale.
Plusieurs journées commémoratives sont à retenir, qui donnent du sens à la mémoire :
- 27 janvier 2015 : libération d’Auschwitz ; révélation de la Shoah,
- 7 et 8 mai 2015 : capitulation de l’Allemagne nazie à Reims ; confirmation à Berlin,
- 26 juin 2015 : fondation de l’ONU,
- 6 et 9 août 2015 : bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki,
- 2 septembre 2015 : capitulation du Japon et fin de la Seconde Guerre mondiale.
Notons qu’en 2015, aucun événement de la Grande Guerre n’est susceptible d’interférer avec la Seconde Guerre mondiale, hormis le génocide des Arméniens par les Turcs (24 avril 1915).
Ainsi, les hasards de la chronologie nous permettent de commémorer successivement et distinctement le début et la fin des trois décennies de tourments qui ont souillé le siècle passé.
Nous appelons le gouvernement français à saisir cette occasion de faire œuvre de pédagogie en confiant à deux missions bien distinctes le soin de préparer le Centenaire de 1914 et le 70e anniversaire de 1945.
A vous, de passage...
Merci de vous êtes arrêté(s), le temps d'un instant, sur mon blog...
A voir : www.horizon14-18.eu !